mardi 9 octobre 2012

Surveiller et Punir - Michel Foucault

L'essai étudie l'apparition historique de la prison sous sa forme moderne en commençant par constater la disparition de l'application en public de la peine de mort au profit d'exécutions cachées par le secret des murs. Selon l'auteur, cette évolution est révélatrice d'une révolution de la façon selon laquelle le pouvoir se manifeste au peuple. En effet, le supplice était l’élément central dans la manifestation de la vérité de la culpabilité du condamné. 


L'essai s'ouvre ainsi en introduction sur le supplice de Damiens. Le caractère public du supplice, la symbolique des condamnations (poing coupé des parricides, langue percée des blasphémateurs) permettait la démonstration du pouvoir royal face au crime, qui en plus de sa victime immédiate, attaquait le souverain dans son pouvoir de faire les lois (crimen majestatis). 

Mais, alors que le monarque absolu ne concevait son autorité que visible et terriblement effrayante pour les tiers assistant à son affirmation, le pouvoir moderne préfère entretenir un mystère inquiétant quant aux peines qu'il exécute.




 Il découvre que le peuple n'a pas besoin d'assister au châtiment des siens pour s'en tenir à ce qu'il souhaite qu'il s'en tienne. De plus ce peuple peut s'avérer dangereux quand il soutient le châtié et dans l'aspect carnaval des exécutions publiques. Ceux qui ne respectent pas la loi ne se voient plus condamnés à une sanction physique qui restera sur leur corps comme un témoignage offert au vu et au su de tous. Ils ne sont plus non plus condamnés à une réparation directe de leurs fautes en plein jour. Les peines ont dorénavant une visée correctrice. La publicité de la peine ne vise plus tant à montrer la souffrance mais plutôt à réaffirmer l'actualité de la Loi. 


Il y eut un modèle réformateur et un modèle carcéral (dont l'objectif était plus de dresser les corps que de réinsérer l'individu). C'est le second qui l'a emporté.